Extraits du livre de René LE GUENIC
« Les maquisards chez nous en 1944 » Gourin - Le Faouët - Guémené
Article paru dans le bulletin d’informations municipales printemps 2005. Avec l’aimable autorisation de l’auteur.
"C’est un peu en désordre que les soldats allemands, provenant de tous les horizons se replient sur Lorient.
A la tombée de la nuit du jeudi 3 août 1944 les allemands de la cour martiale de l’école Sainte-Barbe quittent assez discrètement Le Faouët avec leurs véhicules. Ceux de Plouray, à cours de véhicules, ont quitté la bourgade dans l’après-midi après avoir réquisitionné le scieur Yves Bogard et quelques cultivateurs avec leurs charrettes pour transporter leur matériel, ils vont en profiter pour se servir d’eux comme boucliers humains. Cette colonne aura à parcourir à la vitesse d’un cheval au pas, près de soixante kilomètres, de Plouray à Lorient via le Faouët et Meslan. La nuit est tombée depuis plusieurs heures lorsque le bruit de leurs pas se fait entendre au Faouët.
S’attendant au passage d’un convoi de camions, les patriotes de la section Guillanton de Meslan se sont divisés en 3 groupes. Le premier va se placer à Le Poteau, le second dans le bas du bourg de Meslan et le troisième dans le bois bordant la route au Clandy.
Il semblerait que les hommes avaient reçu l’ordre de ne tirer que sur des colonnes motorisées. Le premier groupe est surpris de voir apparaître ces cultivateurs et leurs chevaux, bien encadrés par des soldats allemands. Conformément aux instructions reçues, les maquisards n’ouvrent pas le feu.
Quand le second groupe aperçoit les allemands débouchant dans la ligne droite de Langourneau, il ouvre le feu au fusil mitrailleur. Tout en ripostant immédiatement, les soldats de déploient en éventail et font un large mouvement d’encerclement.
Dans le second groupe de maquisards, un homme est mortellement touché. Il se traîne sur une vingtaine de mètres, avant de mourir dans le fossé. Il s’agit de Jean Pengloan (né au Faouët en 1892 - préposé aux PTT à Meslan). Continuant leur chasse à l’homme, les allemands font une deuxième victime : Jean Guillemot (né à Priziac en 1911 - coiffeur habitant Meslan) est surpris dans un "toull-karr" à Keranna. Blessé au bas-ventre par une balle explosive, Jean réussit néanmoins à atteindre Bellevue. Mais il attendra trop longtemps les secours, il sera découvert au petit matin dans un fossé, vers sept heures. Ramené chez lui sur un brancard, il décède une heure plus tard, sans doute exsangue.
Probablement pressés d’aller se mettre à l’abri à Lorient, les soldats ne fouilleront que sommairement les rues de Meslan.
Au Clandy, aucun coup de feu ne sera échangé, l’ennemi ayant préféré continuer sa route."
L’impasse située près de l’école L’Arbre Jaune porte aujourd’hui le nom de Jean Pengloan. La rue partant de la Place de l’Eglise et passant devant l’école Notre Dame porte le nom de Jean Guillemot.